Proclamer que Jésus sauve

Ce que Dieu veut, c’est nous sauver !

Jérémie (Jr 31,7-9) nous appelle à pousser des cris de joie et à implorer : « Seigneur, sauve ton peuple ! » et il nous assure que Dieu est en train de répondre et de conduire son Peuple vers les cours d’eau vive, car il est un Père pour nous et nous sommes ses enfants bien-aimés.

Et voilà que l’Évangile atteste que Jésus accomplit précisément cela ! Passant par Jéricho, il entend le cri de l’aveugle Bartimée (Mc 10,46b-52). Prenant ses disciples à contre-pied, il exige qu’on fasse venir l’aveugle, lui demande ce qu’il souhaite, et le renvoie guéri en lui affirmant : « Va, ta foi t’a sauvé. » L’homme était en dehors de la course, sur le bord du chemin : Jésus le remet dans la vie et le mouvement, avec lui ! Jésus sauve !

Toi non plus, n’aie pas peur de crier vers Jésus !

Oui, j’ai envie de te dire, à toi qui m’écoutes : si tu vas mal, si tu souffres, si tu es angoissé ou déprimé, donne-toi à Jésus ! Accorde-lui ta confiance et parle-lui simplement, avec tes mots. Il est venu pour cela. Il s’arrêtera devant ta maison ou devant ton lit ! Tu me diras peut-être : « Cela fait longtemps que je l’appelle, que je demande la guérison, mais je ne vois rien venir ! » Je vais te répondre que c’est vrai, Jésus ne guérit pas toujours physiquement. Il n’est pas une Carte Vitale. Si c’est sa volonté que tu l’accompagnes, toi, sur le chemin de croix par lequel il nous a obtenu le pardon et la paix, alors il touchera ton cœur, il apaisera ton esprit, il t’accordera la paix. Prie-le comme lui-même priait son Père : « Si c’est possible, que ce calice s’éloigne de moi. Mais non pas ma volonté, mais la tienne ! »

Proclamer que Jésus sauve, c’est notre seule mission

Nous tous, les disciples du Christ, nous avons à être des missionnaires joyeux de son pardon et de sa guérison, du salut et de la joie qu’il apporte. Et notre seul message doit être : « Jésus est le Sauveur, il m’a sauvé, toi aussi donne-lui ton cœur ! » La mission ne consiste pas d’abord à faire entrer les gens dans l’Église, mais à les conduire vers Jésus. Es-tu capable de dire de quoi Jésus t’a sauvé, en quoi il a changé ta vie ? Pierre pouvait le dire, Paul pouvait le dire, l’aveugle-né pouvait le dire, Bartimée pouvait le dire… mais moi ? mais toi ?

Arrêtons de ressembler à ces gens qui suivaient Jésus, mais qui rabrouaient l’aveugle Bartimée pour le faire taire, sous prétexte de protéger le Maître ! Trop souvent, nous présentons une image de Jésus qui n’est pas celle de l’Évangile. Arrêtons de paraître comme des douaniers, rapides à juger les autres, lents à les accueillir et encore plus à les écouter ! Prêtons l’oreille au cri des pauvres, des malades, des pécheurs et des divorcés ! Qu’est-ce que c’est que cette Église où on reste les uns derrière les autres sans vraiment se donner à une vie fraternelle ? Qu’est-ce que c’est que cette Église où on sort de la messe l’air aussi triste qu’à l’arrivée, soucieux de ne pas même regarder ceux qui implorent, dehors, un sourire, un geste et de temps en temps une piécette ?

Quoi ? Tu peux prier Jésus, marcher à ses côtés, et dire à une autre : « Tais-toi ! » Non, tu ne le peux pas ! Mais si un jour tu l’as fait, demande pardon à ton tour et Dieu te sourira à nouveau.

Quoi ? Tu peux prier Jésus, aller à la messe tous les dimanches, mais tu ne peux pas dire en quoi ta vie est différente – plus confiante, plus chaleureuse, plus aimante – à cause de Lui ? Le pape Paul VI disait : « Le monde contemporain préfère écouter les témoins que les maîtres. Et quand il écoute les maîtres, c’est parce que ce sont aussi des témoins ! ». Demandons ensemble à Jésus, et à l’aveugle Bartimée, de nous aider à devenir de vrais témoins, c’est-à-dire des disciples missionnaires.

 

Extrait de l’homélie de Mgr Emmanuel Lafont, évêque de Cayenne,
le dimanche 28 octobre 2018
en l’église Saint-Joseph de Mana (Guyane)
(avec l’autorisation du Jour du Seigneur)

 

Le baudet de service